Dossier de presse - 11 juillet 2018
C’est en effet avant la fin de l’année qu’une trajectoire doit être définie tant pour le court et moyen terme (la PPE, Programmation Pluriannuelle de l’Energie sur 2019-2023) que pour le long terme (la SNBC, la Stratégie Nationale Bas Carbone à l’horizon 2050).
La complexité de la mise en œuvre de la transition énergétique ne peut se réduire à une vision trop simpliste, tout blanc ou tout noir.
Pour en tenir compte tout en restant synthétique, la présente note se concentre sur trois des points essentiels de la transition énergétique : la rénovation énergétique du bâtiment, la mobilité des personnes et du fret, et l’équilibre du système électrique, intégrant la demande et l’ensemble de l’offre, dont le nucléaire et les renouvelables.
Beaucoup d’intentions sont selon nous positives, le plus souvent sur les objectifs à long terme.
Mais, on le verra, beaucoup reste à préciser, à mieux qualifier et quantifier afin que les modalités des mises en œuvre, le rythme et le niveau des performances à obtenir ne soient pas en complet décalage avec les objectifs.
Enfin plusieurs points sont très contestables ou insuffisants. Selon nous les objectifs ne pourront être atteints si ces points ne sont pas revus. Pire, certains peuvent être les moteurs d’une désastreuse spirale d’échec.
Ce code couleur n’a pas pour but de jouer les examinateurs ou les censeurs : il s’agit pour l’Association négaWatt de poursuivre, comme nous l’avons toujours fait, notre rôle de décryptage et d’expertise mais aussi de vigilance et d’alerte.
Parce que la réussite de la transition énergétique impose dès à présent des inflexions claires et des ruptures courageuses, nous l’exercerons dans un esprit résolument constructif mais sans complaisance.
Des engagements politiques en phase avec les enjeux climatiques La "Neutralité Carbone" à 2050 : un objectif ambitieux mais nécessaire, dont il faudra tirer toutes les conséquences. La fin de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures en France entérinée par une loi fort bienvenue.
Une méthode de travail à saluer pour la SNBC Le processus d’élaboration de la SNBC a été relativement ouvert et les objectifs en phase avec la neutralité carbone.
... mais beaucoup plus contestable pour la PPE ! Si le processus de révision de la PPE a fait l’objet en amont d’une concertation plutôt ouverte avec les parties prenantes, l’absence de visibilité sur tout projet de PPE du Gouvernement a fortement limité la portée opérationnelle des contributions. Le débat public sur la PPE sous l’égide de la CNDP fut trop peu médiatisé et aurait nécessité une plus forte implication de la DGEC… mais il a fait l’objet d’une intéressante initiative, le G400, qui a confirmé le souhait d’accéler la transition énergétique sans plus attendre.
Des indicateurs au rouge, et les actions concrètes se font attendre Mais, "en même temps", au-delà des intentions, tous les indicateurs climatiques sont au rouge ! ... et si peu de place pour la transition énergétique dans le discours du Président E. Macron devant le Congrès ce lundi 9/7 !
L’impératif de rénovation globale et performante est de mieux en mieux compris... ... mais la rénovation "par étapes" reste la norme. Or la rénovation ’"globale" est moins coûteuse et plus performante. C’est la seule qui permet de maintenir une trésorerie positive car elle génère plus d’économies que d’annuités d’emprunts.
Le rythme affiché de rénovation semble plutôt cohérent ... … mais le niveau de performance par rénovation reste beaucoup trop faible et imprécis.
S’appuyer sur la seule incitation est illusoire Le choix d’une politique de l’incitation engendre des résultats bien en deçà des attentes : avec l’incitation, à ce jour aucun pays n’a atteint plus de 3% du rythme souhaité de rénovation. Il faut avoir le courage de recourir à l’obligation de rénovation lors des mutations de propriété.
Mode de financement : toujours le « millefeuille » malgré une volonté de simplification ! Il faut aller vers un mode de financement unique : soit une subvention, soit un Prêt à Taux Zéro qui ne coûteront pas plus cher à l’État que le cumul des multiples aides actuelles.
Les niveaux de consommation envisagées sur le chauffage, l’eau chaude et la climatisation sont trop mal précisés Avec cette imprécision et l’absence de politiques et mesures ambitieuses de maîtrise des consommations, les économies effectives seront probablement largement inférieures à celles du scénario SNBC, et très largement inférieures à celles du scénario négaWatt.
La maîtrise de la mobilité, parent pauvre de la SNBC +40 % de tonnes.km et +26 % de voyageurs.km : une absence totale de politique de sobriété sur la mobilité dans la SNBC qui ne mise que sur l’efficacité énergétique et les substitutions de carburants.
Mais où est donc passé le report modal vers le chemin de fer et la voie d’eau ? Aucun effort envisagé dans la SNBC pour lutter contre le tout-camion, comme si la tendance actuelle devait se prolonger éternellement : une grave erreur.
Un objectif affirmé d’abandon à terme des carburants fossiles Le signal donné aux constructeurs est clair et cohérent avec l’objectif de neutralité carbone.
La baisse à 80 km/h sur les départementales, une mesure bienvenue ! Une mesure aux bénéfices multiples mais dont les gains énergétiques et climatiques n’ont pas suffisamment été mis en avant. Pour renforcer ces gains, la vitesse sur autoroute devrait également être abaissée, à 110 km/h.
100 % de voitures électriques et plus de 100 TWh de biocarburants en 2050 : des choix très contestables ! Monopole électrique sur les véhicules particuliers et triplement des biocarburants : la SNBC oublie le gaz vert dans les véhicules légers et passe à côté d’un enjeu majeur.
La consommation d’électricité peut être réduite Bien que tous les scénarios de RTE confirment une stabilisation ou une baisse de la demande d’électricité, cette prévision reste modeste par rapport au potentiel de réduction de la consommation, levier essentiel de maîtrise de la transition.
Éolien offshore : le bon sens l’a emporté Les détenteurs des appels d’offres de 2010 qui bénéficiaient d’un tarif d’achat exorbitant ont finalement accepté de revoir à la baisse leurs prétentions, évitant ainsi à la France de reporter de 10 ans supplémentaires l’inauguration de ses premiers parcs en mer.
Photovoltaïque : des progrès mais peut mieux faire Le volume annuel des appels d’offres a certes été doublé au profit des grands de l’énergie mais les acteurs des territoires n’ont pas été entendus : la moitié Nord de la France devra continuer à se passer d’électricité solaire.
Un signal attendu mais sans cesse reporté : la fermeture de Fessenheim EDF, interprétant le plafond de 63,2 GW de nucléaire fixé par la loi comme un plancher, reporte la fermeture de Fessenheim à chaque nouveau retard de l’EPR de Flamanville, empêchant la démonstration de la faisabilité d’une telle opération.
Un glissement dangereux sur la trajectoire de réduction de la part nucléaire dans le mix électrique À force de ne pas engager le programme de fermeture de réacteurs, le Gouvernement repousse l’échéance de réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production : un report trop lointain ne serait plus une reculade, mais un véritable renoncement !
Une fuite en avant de plus en plus risquée pour EDF L’inaction condamne chaque jour un peu plus EDF, malgré ses difficultés industrielles et financières, à une stratégie de prolongation du parc qui fait peser sur elle un risque considérable.
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