Note de comparaison de scénarios énergie climat
Mai 2025
Dans le contexte des discussions préparatoires à l’adoption d’un objectif climatique européen à l’horizon 2040, l’Association négaWatt a réalisé une analyse comparative des principaux scénarios de référence pour l’UE sous l’angle de leur performance à 2040. Cette note s’appuie sur les travaux du Conseil Scientifique Européen pour le Climat (l’ESABCC) pour évaluer les différents scénarios selon deux critères : la pertinence de l’ambition climatique et la faisabilité, sous l’angle des paris techniques et des impacts environnementaux possibles.
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1️⃣ Elle montre en premier lieu que les scénarios convergent vers l’objectif de -90% net de réduction des émissions recommandé par l’ESABCC, confirmant la faisabilité de cet objectif via le recours prioritaire aux actions de réduction de la demande et au développement des renouvelables.
2️⃣ Les scénarios atteignent un objectif d’autant plus ambitieux, avec une faisabilité mieux assurée, qu’ils activent ces leviers, et particulièrement la maîtrise de la demande. Celle-ci est aussi un facteur de réduction des dépendances énergétiques de l’Europe. En particulier, la comparaison des scénarios de la Commission, comme S3, et des scénarios les plus ambitieux sur la demande, comme le scénario CLEVER, montre qu’un effort supplémentaire correspondant à une fraction seulement des potentiels identifiés de sobriété permettrait de relever significativement l’ambition et la faisabilité. À ce titre, la note permet d’affirmer que le recours à une compensation par des crédits carbone internationaux, tel que la Commission semble l’envisager, n’est non seulement pas nécessaire pour respecter les engagements climatiques de l’UE, mais serait contre-productif pour l’atteinte de ses objectifs de souveraineté.
3️⃣ Elle apporte pour finir un éclairage intéressant sur la position de la France, qui semble conditionner l’objectif 2040 à la conversion de tout objectif spécifique sur les énergies renouvelables en objectif en énergies décarbonées. Si la volonté française que soit tenu compte de son socle nucléaire dans la répartition de l’effort de développement des renouvelables peut s’entendre, son action pour mettre renouvelables et nucléaire au même plan au titre de la “neutralité technologique” envoie un mauvais signal : elle encourage les pays les moins allants sur le climat à s’en remettre à des projets de nouveaux réacteurs qui ne verront pas le jour avant 2040, aux dépends des leviers d’action indispensables que sont les renouvelables et la maîtrise de la demande. En effet, la note montre que le nucléaire ne contribue qu’à une part très limitée de la production électrique dans les divers scénarios, entre 0 à 16%.